C’était mon premier test grandeur nature, vécu en direct. Pas le mien mais celui de Jonathan Ruga, nouvelle recrue au sein de notre association, première année Juniors, qui, à la demande de son entraineur vient s’étalonner sur le plan physiologique.

Jon, qui désormais fait partie du cadre national suisse, a pour 2015 un programme très chargé, à la fois sur piste et sur route, avec notamment plusieurs objectifs importants. Dans ce contexte, une évaluation des ses capacités actuelles est à l’ordre du jour.

Protocole rodé

Accueil par un médecin qui prend connaissance du dossier médical rempli par l’intéressé. Validation de certaines réponses, telles que les éventuels antécédents et les traitements en cours. Prise de la tension, écoute du cœur et des poumons, le feu vert est donné par la faculté pour un passage à l’acte. Il est temps d’aller à la rencontre de notre expert en physiologie du sport.

Le temps de monter une roue arrière équipée d’un capteur de puissance et de fixer le vélo de Jon sur le trainer mis à disposition que celui est déjà de retour du vestiaire, prêt à en découdre avec ce test. C’est ce qu’il affirme à notre expert qui à son tour pose certaines questions d’usage sur son état de forme du moment. Le dossier de Jon sera complété par sa taille, son poids, ses tours de cuisses, de bras et de hanches et finalement par une évaluation de la masse grasse.

Ainsi va la PMA

S’en suivra une période d’échauffement durant laquelle sera expliqué le protocole : une succession de paliers de 3 minutes exigeant à chaque fois une dépenses de 30 Watts supplémentaires, cela jusqu’à expiration complète du « sujet ». Pour Jon, il faudra jouer du dérailleur pour maintenir son rythme de pédalage à la puissance exigée, celui-ci devant rester plus ou moins constant. Se pose bien naturellement la question comment le test va se finir, par exemple si le palier de 3 minutes n’est pas complet ou sur l’attitude à adopter lorsque les forces viendront à manquer pour le passage à une nouvelle marche … devenue trop haute. Des questions qui inévitablement se présenteront à Jonathan à un moment ou à un autre.

L’échauffement est terminé. Désormais affublé du masque muni des sondes pour l’analyse des échanges gazeux (VO2 et VCO2), du volume de ventilation (VE) et de la prise du pouls (FC), Jon est maintenant sous les feux de la rampe. Les Watts quant à eux seront produits part le capteur de puissance et affichés sur un compteur posé devant lui. Reste encore à mettre en place la communication. Celle-ci sera effectuée avec une feuille de papier plastifiée sur laquelle figure une échelle de 1 à 20 allant d’une sensation d’effort nulle à l’abandon pour effort insurmontable. Jon devra pointer du doigt le terme approprié à chaque fin de palier avant d’entamer le suivant.

Au fur et mesure que les paliers se succèdent, les courbes bleue et rouge évoluent sur l’écran. Le premier seuil, croisement des courbes VCO2 et VO2, appelé aussi quotient respiratoire est en vue (il atteint la valeur de 1:1 à ce moment là), indiquant la fin de la consommation des lipides au profit des glucides uniquement. Pour les sujets entrainés, ce seuil d’anaérobie est généralement supérieur à 80% de la fréquence cardiaque maximum à PMA. Chez notre patient ce seuil s’établira à 85% avec une puissance fort respectable.

A partir de là Jon franchira encore trois paliers qui lui permettront de franchir la barre des 300W non sans payer de sa personne lors d’un ultime palier. Arrêté par KO pour une acidose musculaire venant lui couper les forces, Jon a décidé de jeter l’éponge. Il est allé au bout de lui-même.

A l’heure du bilan

Assis autour d’une table, graphiques et tableaux entre les mains, notre spécialiste en physiologie de l’effort, résume l’exercice, les nombreuses valeurs, la signification des différents seuils et surtout, les potentiels d’amélioration avec notamment une élévation du seuil anaérobique pour une plus grande capacité d’endurance. A l’autre bout de l’échelle de l’effort est évoqué le besoin d’un meilleur usage du métabolisme des graisses. Et enfin de perdre quelques kilogrammes de poids corporel. Merci la science !

W.

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